Être une femme coûte un SMIC par an : bienvenue dans l’arnaque du ‘pink pricing’
Avant même de parler de loyer ou de courses, être une femme coûte un bras. Entre produits d’hygiène, contraception et surfacturation genrée, l’addition grimpe vite. Décryptage d’une arnaque bien rodée où tout, des rasoirs aux assurances, coûte plus cher juste parce que c’est "pour femme".
Écrit par Camille Croizé le

Vous pensiez que l’inflation était votre pire ennemie ? Détrompez-vous. Avant même de penser au loyer ou aux courses, être une femme, c’est déjà payer un SMIC annuel. Une pilule par-ci, une culotte menstruelle par-là, une crème anti-rides préventive achetée sous pression sociale… et bam, voilà que vous venez de cramer un salaire entier juste pour exister. Et le pire ? On vous fait croire que c’est normal. Bienvenue dans l’arnaque du "pink pricing", cette taxation invisible mais bien réelle qui pèse sur le porte-monnaie des femmes tout en alimentant une industrie qui ne rêve que d’une chose : qu’on continue de payer.
Un euro par-ci, dix euros par-là… et bienvenue dans le grand racket du féminin
Vous avez déjà comparé un rasoir "pour homme" et un rasoir "pour femme" ? Spoiler : ils font exactement la même chose, sauf que le second coûte plus cher. Pourquoi ? Parce qu’il est rose, et apparemment, le rose a un prix. Cette taxe n’est que la pointe de l’iceberg d’un système bien huilé qui surcharge les femmes, pour tout et n'importe quoi : vêtements, produits de soins, assurances, même les services bancaires.
Quand on additionne tout, la facture grimpe vite, très vite. Selon une étude de l’Assemblée Nationale française, les femmes dépenseraient en moyenne 1 500 euros de plus par an en produits similaires à ceux des hommes. Ce qui est vicieux, c’est que ces surcoûts semblent minimes à chaque passage en caisse : quelques centimes ou quelques euros de plus. Mais additionnés, cela représente une somme colossale. Une femme dépensera ainsi entre 800 et 1500 euros de plus par an qu’un homme, sans compter les grosses dépenses spécifiques comme la contraception ou les protections hygiéniques. Un gouffre financier qui n’a aucune justification rationnelle, si ce n’est une stratégie économique parfaitement rodée.

Beauté, hygiène, contraception : le prix de la "féminité"
Derrière le "pink pricing", il y a une industrie qui sait exploiter les injonctions faites aux femmes. On nous vend la jeunesse éternelle avec des crèmes anti-rides "préventives" (parce que l’idée de vieillir sereinement n’est visiblement pas une option), on nous facture les protections hygiéniques comme si avoir ses règles était un caprice de princesse, et la contraception repose presque uniquement sur nos épaules (et notre compte en banque). Tout cela, avec un marketing culpabilisant qui transforme chaque achat en nécessité absolue.
Prenons l’exemple des déodorants : les versions "féminines" sont souvent plus chères que leurs homologues masculins, alors que la composition est quasi identique, voire parfois moins efficace en termes de durée. Pourquoi ? Parce que l’industrie sait que l’on est prêtes à payer plus cher pour des produits estampillés "féminins". Et ne parlons même pas des shampoings, gels douche et parfums, où l’écart de prix est parfois hallucinant. Même les parfums masculins, plus concentrés et durables, sont souvent moins chers que leurs équivalents féminins. Vous l’avez compris, on nous prend pour des pigeonnes.

Assurances, banques, services : même l’administratif nous coûte plus cher
Au-delà des dépenses du quotidien, être une femme entraîne des frais supplémentaires dans des domaines auxquels on ne pense pas toujours. Certaines assurances auto appliquent des tarifs plus élevés aux conductrices, sous prétexte qu’elles seraient plus "prudentes mais plus sujettes aux petits accrochages" (on a vu plus logique et moins sexiste). Pourtant, selon l’observatoire interministériel de la sécurité routière, 84 % des accidents mortels sur les routes ont été causés par des hommes en 2024. Où est la logique ? On la cherche encore.
Côté banques, même scénario : certaines offres de crédit ou services bancaires affichent des différences de tarifs basées sur le sexe. Les femmes se voient plus souvent refuser des prêts ou obtenir des taux moins avantageux que les hommes, simplement parce qu’elles sont jugées "moins stables financièrement". Pourtant, on sait que les femmes gèrent souvent mieux leur budget que les hommes. Voilà un autre bel exemple de sexisme intégré au capitalisme.
Si vous pensiez que la parentalité allait équilibrer les choses, détrompez-vous. Les produits pour bébés suivent la même logique : une tétine "fille" peut être plus chère qu’une tétine "garçon". Même les jouets ne sont pas épargnés : une simple trottinette rose coûte parfois 20 % de plus que son équivalent bleu. Comme si être une petite fille impliquait déjà de devoir payer plus cher.
Et si on arrêtait de payer le prix du sexisme ?
Le "pink pricing" est une arnaque bien rodée, et ce qui la rend encore plus insidieuse, c’est qu’elle est invisible : on ne nous présente jamais la facture finale. Pourtant, les chiffres sont là : être une femme coûte un SMIC par an en dépenses supplémentaires. Face à ce hold-up généralisé, certaines marques commencent à s’engager à aligner leurs prix (encore heureux), et des collectifs militent pour une prise de conscience collective. Des campagnes de sensibilisation émergent pour dénoncer ces écarts absurdes, incitant certaines enseignes à revoir leurs pratiques.
En attendant que le système change (ne nous faisons pas trop d’illusions, il ne changera pas tout seul), le meilleur moyen de lutter reste encore de comparer, d’acheter malin, et surtout, d’exiger des comptes. En pointant du doigt ces écarts de prix injustifiés et en boycottant les marques qui en abusent, on peut, à notre échelle, faire bouger les choses. Parce qu’à ce niveau-là, ce n’est plus une surfacturation, c’est du vol organisé.