Santé : le remboursement du vaccin contre le papillomavirus élargi aux garçons
Depuis le 1er janvier, le vaccin contre les papillomavirus humains est pris en charge par la sécurité sociale, pour les jeunes filles comme pour les garçons. L'objectif : éviter les risques de transmission encore trop élevés.
Écrit par Elodie Josserand le
À l'heure des conversations centrées sur l'apparition d'un remède contre le coronavirus, on en oublierait presque les autres vaccins. Pourtant, en France, la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) est recommandée depuis 2008 pour les jeunes filles entre 11 ans et 14 ans. D'ailleurs, depuis le 1er janvier dernier, les deux doses de Gardasil 9 requises sont entièrement remboursées par la sécurité sociale. Ceci est vrai pour les filles, mais aussi pour les garçons, puisque la France rejoint désormais les quelque 30 pays conseillant déjà cette vaccination aux adolescents des deux sexes.
L'infection la plus fréquente au Monde
Les papillomavirus humains, qui comptent plus de 100 variantes, peuvent être à l'origine de certains cancers. D'ailleurs, plus de 99% des cancers du col de l'utérus sont provoqués par une infection chronique par papillomavirus. Et bien qu'une telle conséquence ne soit pas observée dans la totalité des cas, le virus n'est pas à prendre à la légère. En effet, l'infection à HPV est la plus fréquente au monde. La Haute autorité de santé (HAS) estime qu’environ 80% des femmes et des hommes sexuellement actifs seront infectés par ce virus au cours de leur vie. Et rappelons-le, le préservatif ne protège pas de l'infection.
Plus de 25% des cancers chez les hommes
« Le virus se colle à la peau lors du rapport sexuel. Les garçons peuvent le garder sur leur peau, sans aucun signe de maladie, et ensuite le transmettre à leurs partenaires féminines », confie Nasrine Callet, gynécologue et oncologue à l’Institut Curie-Hôpital René-Huguenin à L'Obs. De ce fait, en vaccinant les garçons, on protège également les filles. L'objectif à travers la vaccination universelle est donc de réduire au maximum les risques de transmission de ces virus.
À tort, on pense souvent que les papillomavirus n'impactent que les femmes. Chaque année en France, 6 300 nouveaux cas de cancers sont attribuables aux infections liées aux papillomavirus humains. Il s’agit à 44% de cancers du col de l’utérus, le quatrième plus fréquent chez la femme. On observe également des cancers de l'anus, du rectum, etc. Mais les femmes ne sont pas les seules victimes. Selon la HAS, plus de 25% des cancers surviennent chez les hommes. C'est d'ailleurs ce qui justifiait l'élargissement de la recommandation de vaccination aux hommes en 2017 (au départ seulement pour les hommes homosexuels).
« Si la vaccination des jeunes est réalisée avant le début de leur vie sexuelle, la protection apportée par le vaccin est proche de 100%. Elle permet quasiment d’éradiquer le cancer du col de l’utérus ! » poursuit Nasrine Callet. Mais en 2018, seulement 24% des filles étaient vaccinées (selon la HAS), ce qui reste très loin de l'objectif de 60% fixé par autorités sanitaires.
Si l'on entend encore souvent des doutes sur la sécurité du vaccin, de nombreux experts insistent sur la sécurité de ce dernier. Ces doutes avaient émergé peu après la commercialisation du Gardasil, lorsque de jeunes filles vaccinées avaient développé des maladies auto-immunes. Mais les experts l'affirment, aucune étude sérieuse n’a mis en évidence un lien de causalité entre le vaccin et l’apparition de ces maladies.
Les Éclaireuses