Pour ce ministre italien, “le partriarcat n’existe plus” (ah bon ?)
Lors d’un discours sur les violences faites aux femmes, le ministre italien de l’Éducation a nié l’existence du patriarcat, préférant pointer l’immigration comme principale responsable. Une déclaration polémique, symptomatique d’un gouvernement qui instrumentalise les luttes féministes pour justifier ses politiques conservatrices.
Écrit par Juliette Gour le
Depuis 2022, le gouvernement italien a basculé à droite toute, déclenchant l'inquiétude de nombreux pays européens. Depuis, pas une semaine ne passe sans une déclaration polémique émanant du clan Meloni. La dernière en date ? Une déclaration douteuse du ministre de l'éducation, qui estime que "le patriarcat n'existe plus" et que les violences sexuelles sont (évidemment) dues à l'immigration.
Un argumentaire bien rodé, mais qui a immédiatement suscité un tollé
Si l'argumentaire nous rappelle la quasi-totalité des discours des gouvernements conservateurs, on est une fois de plus face à un politique qui retourne le problème pour trouver le vrai grand méchant de l'histoire.
Pour étayer son argumentaire, il a également ajouté que "l’idéologie voudrait résoudre la question des femmes en luttant contre le patriarcat... Juridiquement, le patriarcat n’existe plus depuis la réforme du droit de la famille de 1975." Selon la logique appliquée, la norme patriarcale serait une définition juridique et non un biais sociétal.
Ces propos ont été tenus dans une vidéo de 9 minutes diffusée à la chambre des députés, le 18 novembre dernier, lors de la présentation de la Fondation Giulia Cecchettin, une étudiante de 22 ans qui a été tuée de 70 coups de couteau par son petit ami.
Être une femme et vivre en Italie en 2024
On aurait pu attendre du gouvernement italien qu'il se désolidarise de cette déclaration, mais il n'en est rien. Au contraire, la Première Ministre Georgia Meloni a apporté son soutien au ministre, déclarant "qu'il y a certainement des données qui montrent une incidence significative de l'immigration illégale de masse sur ce sujet, et c'est une des raisons pour lesquelles l'Italie œuvre à endiguer l'immigration clandestine."
Ce n'est évidemment pas la première fois que le gouvernement italien utilise cette forme de rhétorique pour discréditer les luttes féministes dans le pays. Il y a une vraie volonté de renforcer les stéréotypes traditionnels et cela passe par un discrédit systématique des revendications féministes. Plus globalement, cette déclaration vient s'ajouter à une longue liste d'actions pensées pour limiter le droit des femmes. En vrac, on retrouve la multiplication des obstacles entravant l'accès à l'IVG ou la réduction des financements pour prévenir et lutter les violences faites aux femmes.
Permettre des discours négationnistes, comme celui du ministre de l'éducation, ne fait que décrédibiliser un peu plus les luttes féministes et encourage par la même occasion les conservateurs à assumer leurs positions vis-à-vis des femmes et, surtout, de l'immigration.
Les inquiétudes des défenseurs des droits humains. ne font que s'intensifier face à ce gouvernement italien, qui pourrait avoir un réel impact durable sur l'égalité des genres en Italie.
En Italie, 2024 n'échappe pas à la règle : quand un gouvernement détourne les tragédies pour servir des idéologies réactionnaires, les droits des femmes deviennent les premières victimes d'un patriarcat... Même si certains considèrent que c'est de l'histoire ancienne.