Arrêtons de scroller sans but : c’est tout sauf divertissant d’après cette étude

Tiens, si l'on ouvrait l'application TikTok et que l'on se livrait à quelques minutes de scroll ? Bien souvent ces quelques instants s'éternisent en quelques heures, et l'on sort de cette bulle temporelle pleine de culpabilité : ça fait 2h, et je n'ai encore rien foutu.

Écrit par Alice Legrand le

Le scroll, c'est le fait de faire défiler de manière infinie du contenu sur les réseaux sociaux. Souvent sur TikTok, Instagram ou même X, les heures passent à consommer un contenu souvent inintéressant et voleur de temps. Temps que l'on aurait clairement pu utiliser pour lire un livre, discuter avec ses proches, faire une activité manuelle, se faire un masque de skincare ou même écrire dans un journal.

Des activités, donc, qui sont bienmeilleures pour notre bien-être et notre santé mentale ! Pourtant, c'est comme inévitable... L'appel du téléphone est trop fort. Dès lors que l'on ressent un brin d'ennui, on l'attrape et l'on ouvre la première application qui s'offre à nous. Malheureusement, le scrolling ne serait pas du tout efficace et renforcerait même notre insatisfaction, d'après une récente étude.

L'algorithme des réseaux sociaux, notre meilleur ennemi

Dans l'étude publiée dans le Journal of Experimental Psychology : General, les chercheurs sont formels : faire défiler sur son téléphone du contenu à l'infini serait contre-productif. Dans la salle d'attente d'un médecin, avant l'arrivée d'un ami à la terrasse d'un café, dans le métro ou même chez soi, sur son canapé, TikTok et Instagram ont bien compris comment retenir notre attention. En proposant un fil de contenus infini, grâce à un algorithme qui pousse des contenus personnalisés, on découvre très vite un monde qui s'ouvre à nous.

On peut y voir des personnes du monde entier partager leurs expériences, leurs conseils, leurs anecdotes ou leurs savoir-faire. Alors si l'on aime, on veut en voir plus. Et si l'on n'aime pas, on veut également en voir davantage, dans le but d'être "rassasiée". Et c'est là que ça devient compliqué. Peu importe sur quoi l'on tombe, on voudra toujours continuer de scroller.

La fast-information, un danger pour les médias et pour les utilisateurs

À l'inverse de Youtube, où l'on aimait avant visionner des vidéos pendant des dizaines de minutes, TikTok et Instagram prônent la fast information. Il faut créer des contenus courts et impactants, sinon les gens se lassent. Et on le voit bien quand on réalise nos vidéos pour les réseaux sociaux du média : les vidéos qui performent le moins sont celles où l'on rentre dans le vif du sujet un peu tardivement. Et c'est dommage, car ça ne laisse plus la place au contexte, ni même au temps. Il faut tout, tout de suite.

La fast information a d'autres aspects négatifs. Elle facilite grandement la désinformation, car les utilisateurs vont voir une info, et la partager aussitôt sans même regarder le contenu en entier, ou même aller vérifier les sources. C'est le cas notamment des deepfakes ou des médias satiriques comme Le Gorafi. Les gens prennent parfois peur devant certaines news, alors qu'il suffit de cliquer sur le compte pour comprendre qu'il s'agit d'un média qui utilise le sarcasme au service du divertissement.

Scoller pour passer l'ennui, ça augmente l'ennui ?

Oui, c'est paradoxal, mais c'est bien réel si l'on en croit l'étude évoquée plus haut. Le sentiment d'ennui serait étroitement lié à la notion d'attention, alors quand on scrolle à l'infini sans même regarder les contenus entièrement, on est loin de poser notre attention sur quelque chose en particulier. C'est juste une façon de stimuler son cerveau avec tout et n'importe quoi dans le but qu'il pense qu'il ne s'ennuie pas.

En scrollant, les utilisateurs sont toujours à la recherche de quelque chose encore plus intéressant à regarder, nourrissant cette insatiabilité caractéristique des réseaux sociaux : on en veut toujours plus. Alors forcément, "cela conduit à un sentiment d'ennui plus élevé", explique la Dr Katy Tam, principale autrice de l'étude, au Guardian. L'étude a été menée sur plus de 1200 personnes qui devaient regarder une vidéo de 10 minutes sans pouvoir passer à une autre. Et les résultats sont formels : ils ont ressenti moins d'ennui que lorsque le scroll était possible.

Aussi, le défilement de contenu "réduit la satisfaction, l'attention et l'importance" portée à ces vidéos, pouvant entraîner des risques de "symptômes dépressifs, de moins bonnes notes à l’école et même de comportements agressifs", explique Dr Katy Tam. Bref, militons pour moins de scrolling et plus de divertissement - loin de notre téléphone.

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