Une jeune Américaine de 10 a été obligée de changer d’état pour avorter après avoir été violée

Le 24 juin dernier, la Cour Suprême américaine a révoqué l'arrêt qui permettait aux femmes d’avoir accès à l'avortement. Depuis cette date, 15 états ont déjà interdit l'avortement et d'autres pourraient suivre le mouvement. À cause de ces interdictions, de nombreuses femmes sont obligées de sortir de leur état pour avorter, et ce, même si elles sont mineures, victimes de viol ou d'inceste...

Écrit par Juliette Gour le

Un enfant, quelle que soit sa conception, est toujours une bénédiction... C'est en tout cas comme ça que les pro-life et les juges de la Cour suprême américaine voient les choses. Depuis la révocation de l'arrêt Roe v. Wade, qui garantissait l'accès à l'avortement aux femmes, les choses changent très vite au pays de l'oncle Sam. Cela change si vite que même Margaret Artwood ne l'avait pas vu venir (tout du moins pas si tôt). Dans ce marasme ambiant, il ne faut pas oublier que la vie continue : les tueries se font toujours aussi régulières (la dernière en date étant celle survenue lors d'un défilé pour le 4 juillet), les juges de la Cour Suprême se demandent quel droit ils vont pouvoir révoquer et les (très) jeunes filles se font encore violer... Et, aujourd'hui aux États-Unis, le viol n'est pas une raison suffisante pour avoir droit à un avortement dans les états les plus conservateurs. 

C'est pour cette raison qu'une jeune fille de 10 ans a été obligée de quitter son état, l'Ohio, pour pouvoir avorter suite à un viol. Enceinte de 6 semaines et 3 jours au moment de l'annulation de l'arrêt Roe v. Wade, elle s'est donc retrouvée dans l'incapacité de pouvoir avorter sans être pénalement poursuivie et, dans son état, il n'y a aucune exception qui justifient un avortement, que ce soit le viol, l'inceste, la malformation fœtale ou les cas de grossesses extra-utérines (fatale pour la mère)...

Obligée de quitter son état pour pouvoir être libre... 

La jeune fille a immédiatement été redirigée vers un État voisin de l'Ohio, l'Indiana, où l'avortement est toujours autorisé. Le médecin qui l'a accueillie est spécialisé dans le suivi des enfants victimes de maltraitances. Prévenue par un confrère, la gynécologue n'a pas hésité un seul instant lorsqu'elle a eu vent de la situation de la jeune fille.

"Une fille de 10 ans est violée. L'État l'oblige à rester enceinte et lui dit de considérer cela comme une 'opportunité'. Ce n'est pas l'Iran. Ce n'est pas Gilead. Ce n'est pas hypothétique. C'est arrivé aujourd'hui dans l'Ohio" - Gavi Begtrup, élue démocrate dans l'Ohio.

Le viol, une "opportunité" selon les conservateurs

En avril 2022, Jean Schmidt, représentant conservateur, avait déclaré que les viols devaient être perçus comme une 'opportunité' pour les victimes si elles tombaient enceintes de leur agresseur. Pour eux, la volonté de Dieu étant immuable, si ce dernier a décidé de faire naître un enfant à la suite d'une agression, aucun humain ne devrait être en mesure d'aller contre sa volonté divine.

C'est donc dans ce climat lunaire entre conservation à l'extrême et retour en arrière forcé que des femmes sont obligées, chaque jour, de se battre pour faire valoir leurs droits et pouvoir être maîtresses de leur corps. Si cette jeune fille a eu de la chance de trouver un médecin prêt à l'aider en Indiana, ce ne sera bientôt plus possible : il se pourrait bien que dès le 25 juillet, l'avortement devienne de plus en plus compliqué dans cet État aussi.

Si une large chaîne de solidarité est en train de se mettre en place sur TikTok, toutes les femmes n'auront pas la chance de pouvoir être accueillies dans d'autres États (par manque de temps ou de moyens) pour avorter. Certains médecins redoutent le retour des "anciennes méthodes" souvent fatales pour les mères.

Les Éclaireuses

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