C’est officiel : Shein est le site préféré des Français (et ça, c’est flippant)
Shein est devenu le site préféré des Français en 2024, mais à quel prix ? Derrière les petits prix et les livraisons express, ce géant de la fast fashion cache un désastre écologique, social et politique. Plongée dans l’envers du décor d’un empire toxique.
Écrit par Camille Croizé le

2024 a marqué un tournant, mais pas celui qu’on espérait : Shein, mastodonte de la fast fashion, est officiellement devenu le site où les Français ont dépensé le plus d’argent. Adieu Vinted, bonjour le royaume des tee-shirts à 5 euros et des robes à 7. Si ce succès peut sembler logique dans une économie plombée par l’inflation, il cache des dégâts colossaux. Derrière ces petits prix se cache une réalité bien moins glamour : un modèle qui pousse à la surconsommation, qui pollue la planète à une échelle indécente et qui repose sur des pratiques sociales et politiques plus que discutables. Bref, Shein n’est pas qu’un simple site de shopping. C’est une véritable machine à broyer l'environnement.
Fast fashion, slow destruction
Shein, c’est le champion incontesté de la fast fashion, avec des chiffres qui donnent le vertige. La plateforme propose près de 470 000 articles différents en ligne, en ajoutant 7 000 nouvelles références… chaque jour. En d’autres termes, ce que vous achetez aujourd’hui est déjà obsolète demain. Résultat : des millions de vêtements produits quotidiennement, pour une durée de vie moyenne de 65 jours, selon l’association En Mode Climat. Oui, 65 jours. À peine le temps de survivre à trois lavages avant de finir à la poubelle.
Mais ce n’est pas tout : cette frénésie de production s’accompagne d’une empreinte carbone monstrueuse. Selon des estimations, Shein émet entre 15 000 et 20 000 tonnes de CO2… chaque jour. Oui, chaque jour. Vous visualisez un peu ? Et on ne parle même pas des produits chimiques utilisés pour teindre et traiter ces vêtements à la chaîne, qui finissent dans les cours d’eau en Asie et ailleurs. Une vraie catastrophe écologique à l’échelle planétaire, déguisée en “petit plaisir shopping”.

Les dessous d’un succès qui coûte cher
Pourtant, Shein continue de séduire. Son secret ? Des prix imbattables, un marketing agressif sur les réseaux sociaux et une logistique redoutable qui vous livre vos achats en quelques jours. Mais ces robes à 7 euros, qui en paie réellement le prix ?
D’abord, les travailleurs. Les scandales autour des conditions de travail chez Shein ne manquent pas : horaires interminables, salaires misérables, sécurité inexistante. Bref, le modèle Shein repose sur une exploitation humaine bien huilée. Ensuite, les consommateurs eux-mêmes. En incitant à acheter toujours plus, Shein alimente une culture de l’hyper-consommation qui appauvrit nos garde-robes autant que notre conscience écologique. Car soyons honnêtes : combien de fois portez-vous vraiment ces “petits hauts trop mignons” avant de les oublier au fond d’un placard ?
Et si on parlait politique ?
Shein ne s’arrête pas là. En France, la marque a recruté plusieurs personnalités politiques de haut rang pour intégrer son comité stratégique, comme Christophe Castaner, ancien ministre de l’Intérieur. Officiellement, ces figures sont là pour conseiller Shein sur sa responsabilité sociale et environnementale (lol). Officieusement, on parle de lobbying pour freiner les lois anti-fast fashion.
Un comble quand on sait que l’Assemblée nationale a voté en 2024 une proposition de loi visant à limiter la fast fashion, notamment en interdisant la publicité pour des marques comme Shein. Ce texte, qui doit encore passer par le Sénat, pourrait freiner l’expansion du géant chinois. Et devinez quoi ? Shein est prêt à tout pour protéger son business, quitte à s’acheter une influence politique.
Alors, on fait quoi ?
On ne va pas vous mentir : boycotter Shein ne sauvera pas la planète du jour au lendemain. Mais c’est un début. Parce que chaque euro dépensé sur ce genre de plateforme est un vote pour un modèle économique, social et écologique désastreux.
Et si vous avez besoin d’un conseil shopping ? Misez sur des vêtements durables, de seconde main, ou carrément made in France. Oui, c’est parfois plus cher, mais votre garde-robe (et la planète) vous diront merci. Shein, c’est le symbole d’un système à bout de souffle. Alors en 2025, on dit non à la fast fashion. Parce que la mode, ce n’est pas juste une question de style. C’est une question de choix.