On a testé un bal fantasy : moins de drague lourde, plus de corsets trop serrés
Des cracheurs de feu, des robes qui tournent et un cadre médiéval… Les bals fantasy ont débarqué en France, et promis, on danse autant qu’en club, mais avec des chevaliers à la place des mecs relous.
Écrit par Clémence Leboucher le
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Vous avez rêvé de Bridgerton IRL ? Vous allez être servi. Partout en France, on trouve des salles de bal qui remettent au goût du jour les habitudes du passé. Sous les lustres, les robes tournoient au rythme de la musique. Au fond de la salle, il y a un buffet bien garni. Dans un coin, des gentilhommes discutent et échangent des potins croustillants.
Si vous aussi, vous fantasmez depuis des années sur la scène de danse culte de Orgueil et Préjugés (le climax de la relation entre Darcy et Elizabeth Bennett), vous allez adorer les fantasy balls. Oui, en 2025, il est possible d'enfiler une robe de princesse pour aller danser une valse au bras d'un gentleman.
On vous raconte comment nous nous sommes retrouvées dans notre plus beau corset, pour vivre une soirée romanesque au Bal des Légendes, dans le château de Creully, en Normandie.
Passez dans l'armoire de Narnia pour découvrir un nouveau monde
Le rendez-vous est donné à 19h pétante. Pas en calèche malheureusement, mais la magie opère rapidement. Le thème du soir, c’est Narnia, et de la (fausse) neige tombe doucement sur le chemin de lanternes qui nous mène vers l’entrée. Au fond, on apperçoit des cracheurs de feu - décidément, l'organisation a mis le paquet. Il ne nous en fallait pas plus pour quitter 2025 et se retrouver entre deux âges (sans savoir lesquels).
Petit à petit, on est guidés vers la salle de bal - entourée, comme à l’époque, de plusieurs autres pièces, parfaites pour échanger un baiser à l'abri des regards. On admire évidemment les tenues des autres convives et on n’est clairement pas déçues : les “balleurs” (oui, c’est comme ça qu’on les appelle) ont vraiment tout donné. Ne vous attendez cependant pas à voir des tenues historiquement justes - elles ont plus leur place au bal de Versailles - non, ici, les invités ont carte blanche et ils ont fait le choix de l'originalité. On aperçoit des coiffes inspirées des branches, des armures de chevaliers, des capes, des couronnes revisitées, des oreilles d’elfe… Les outfits sont tous uniques, et chacun semble s’être habillé en fonction de sa personnalité. Question public, celui-ci est essentiellement féminin (sans surprise) mais quelques courageux font aussi partie de l'assemblée (ouf !).
Soudain, le silence se fait dans la salle : deux chevaliers viennent de faire leur entrée et ils ne sont pas venus pour faire partie du décor. Sous les encouragements de la foule, ils entamment un combat à l'épée. Le bruit du métal est assourdissant mais le thème de la soirée est donné, il va y avoir du grand spectacle. On aurait presque envie de les encourager avec un mouchoir - façon joutes médiévales.
Dès la fin du combat, un quatuor à cordes entame, en haut de l’estrade, des reprises des musiques les plus connues d’oeuvres fantasy : Narnia, bien sûr, mais aussi le thème de Bridgerton, ou encore Fairy Tale d’Alexander Rybak. À ce moment de la soirée (et il n’est que vingt heures), on a déjà complètement oublié le monde extérieur.
On a à peine le temps de faire un tour au buffet que déjà, le cours de danse commence, et on est tout de suite emballées. Le professeur vient d’annoncer que c’est le quadrille qui va être enseigné, “que l’on voit notamment dans le film Orgueil et Préjugés”. Il ne faut pas nous le dire deux fois : on trouve rapidement une partenaire avec qui l’on se met en ligne et on virevolte avec les autres invités. On rigole beaucoup, et, ce qu’on remarque, c’est que la bienveillance est de mise : chacun se complimente sur sa tenue, et s’entraide quand les pas deviennent trop complexes... C'est un vrai moment de convivialité, comme on en vit peu au quotidien et ça fait un bien fou.
Danser sur du Shakira, oui, mais en version médiévale s'il vous plaît !
À la fin du cours, on est certaines d’être prêtes pour être figurante dans le prochain period movie, mais quand les valses débutent, on comprend qu’on a encore un train de retard : ce sont de vrais connaisseurs qui ont pris possession de la piste. Ici, il n’y a pas de codes genrés, de drague lourde, on est là pour s’amuser et ça se ressent vraiment.
Mais le vrai highlight de la soirée, ce n'est pas tant les danses ou les chevaliers en armure, c'est surtout l'arrivée du groupe Courseval, connu pour adapter les tubes du XXIe siècle à la sauce médiévale. En un instant, on a l'impression d'être dans un épisode de La Chronique des Brigerton. Shakira, Rihanna, Mylène Farmer reprises au luth et au pipeau : il n’en faut pas plus pour que toute la salle chante à gorge déployée et c'est le kiff ultime.
Après minuit, terminée la musique de chambre : c’est un DJ qui prend la relève pour nous faire taper du pied jusqu’au bout de la nuit. Et on comprend qu’il a cerné son public : dès les premières notes de l’Assasymphonie de Mozart l’Opéra Rock, c’est toute la salle qui “voue ses nuits à l’Assasymphonie, au requieeem”. Pendant qu’on se laisse porter par la musique. À ce moment-là, on a vraiment la sensation d’être fraîche, dans son corset et sa jupe longue, tout en étant entourée de personnes bienveillantes et passionnées.
Finalement, c'est peut-être ça la définition même d'une soirée réussie non ? Est-ce qu'on y retournera ? Évidemment ! Rien que pour avoir le plaisir de réenfiler une robe de bal.