Un salon de beauté résiste au régime des talibans à Kaboul
Ce salon de beauté est l'un des derniers lieux à Kaboul dans lequel les femmes peuvent se retrouver et exprimer leur féminité depuis la prise du pouvoir par les talibans.
Écrit par Nephely Ntsiete le
En tant que femme, il est important pour vous de prendre soin de vous quotidiennement à mensuellement, afin d'entretenir votre beauté... Malheureusement, depuis plusieurs semaines et la prise du pouvoir par les talibans, ce n'est plus le cas des femmes afghanes qui n'ont plus aucun moyen d'affirmer leur féminité.
Le régime des talibans est totalement contre le féminin. On a pu voir les images de publicités montrant des femmes être recouvertes de peinture blanche afin de les cacher. Néanmoins, il reste un dernier lieu où les femmes afghanes peuvent se retrouver entre elles en dehors de leur domicile. Il s'agit d'un salon de beauté, celui d'une jeune entrepreneuse de 32 ans, Mohadessa, qui malgré les menaces des talibans a décidé de laisser ouvert son salon de beauté, un lieu où les femmes peuvent se sentir libres d'être elles-mêmes et de retrouver leur féminité.
La guerre menée par les talibans contre le féminin qui est vu comme haram
Les talibans n'en sont pas à leur première prise de pouvoir en Afghanistan. Lors de leur précédent régime, les talibans interdisaient l'ouverture des salons de beauté. Et si une femme était aperçue avec du vernis sur ses ongles, elle risquait l'amputation des doigts. Aujourd'hui, les talibans jugent haram (impur) l'odeur du parfum sur une femme ou encore le bruit des chaussures à talons.
Le régime des talibans est peu clair au niveau de la teneur et l'application de leurs édits religieux, alors Mohadessa en profite pour laisser son salon de beauté ouvert et accueillir les femmes qui souhaitent venir prendre soin d'elle et, par la même occasion, pour laisser à ses employées l'occasion de travailler. La jeune femme confie tout de même "Je peux vous le dire, chacune vient travailler dans la peur, surtout au moment d'ouvrir le salon".
Pour accéder au salon de beauté, les femmes sont déposées en voiture, habillées de niqabs, hijabs ou abayas. Elles franchissent ensuite un rideau mauve et une fois entrées, elles peuvent se dévoiler.
Lors de la visite de L'AFP, Mohadessa recevait une trentaine de femmes venue se faire belles pour célébrer un mariage qui aura lieu plus tard dans la soirée et ces dernières ne laissent pas les maquilleuses avoir la main légère. La sœur de l'une des mariées confie même qu'il s'agit de sa première vraie sortie depuis le mois d'août.
La beauté, une forme de résistance contre l'extrémisme
Sous le régime des talibans, les femmes afghanes sont contraintes de porter un niqab, que l'on appelle aussi voile intégral, très souvent contre leur volonté. Ce long voile noir ou de couleur foncée empêche de voir le visage et les cheveux de celles qui le portent et donc les prive de toute forme de féminité.
Dans le salon de Mohadessa, chacune peut pousser sa féminité au maximum. Entre extensions de cheveux, faux cils extravagants, fond de teint très couvrant, les paupières remplies de paillettes et les bijoux scintillants, les femmes qui y entrent se sentiront loin du régime taliban. Mohadessa explique que "cette culture de la femme et de sa beauté, c'est pour nous un rempart à l'extrémisme, que ce soit par la mode, le maquillage, la coiffure".
Aujourd'hui, les femmes afghanes, à la différence de la culture afghane qu'elles ont reçue, avec des tenues traditionnelles très colorées qui mettent en valeur la femme, se voient contraintes de porter, pour certaines contre leur volonté, des voiles qui les recouvrent de la tête aux pieds. Marwa (prénom modifié), une des clientes présente dans le salon et étudiante en stylisme, dit "Nous avons en Afghanistan une mode si délicate, si belle, si colorée (...) maintenant nous ne sommes que des fantômes"...
Enjoy,
Les Éclaireuses