La collection Louis Vuitton x Murakami, le revival ultime des années 2000

Si les années 2000 devaient être personnifiées par un imprimé, ce serait sans hésitation celui de la collection Vuitton x Murakami. Comble de la nostalgie, la collection revient en 2025, dans une version réactualisée, ni demure, ni mindfull.

Écrit par Juliette Gour le

Est-ce que la boucle ne serait pas (enfin) bouclée ? En cette fin d'année 2024, Vuitton vient d'annoncer la réédition de la cultissime collection Murakami. Pensée pour donner le "la" d'une année 2025 que l'on espère folle et colorée, cette collection pourrait bien marquer la fin de l'hégémonie du Y2K. Paradoxe délicieux, difficile de trouver un imprimé qui représente le plus les années 2000. Pour beaucoup, il est associé à Paris Hilton, cagole américaine assumée, qui a marqué au fer rouge l'esprit de toutes les ados biberonnées à MTV. Étrange coïncidence, cet imprimé revient dans nos vies en même temps que "The Simple Life", à croire que l'on est finalement toujours en 2003.

Plus que de simples sacs à main, les Speedy Vuitton x Murakami sont le reflet d'une époque (n'en déplaise aux vieilles dames et à leurs rangs de perles). Si certains lui reprochent son aspect cheap (rappelons que c'est de la toile enduite plastique) c'est justement tout ce qui fait sa valeur : il est criard, hurle "cher", tout en ayant un petit côté "je l'ai trouvé au marché de Barbès". Le Vuitton x Murakami est peut-être l'un des modèles qui a été le plus copié de la maison, mais s'il est contrefait, c'est parce qu'il est le symbole d'un certain statut : celui de la cool girl dans le vent, qui aime les pièces pas discrètes. C'est aussi cette collaboration qui a permis à Louis Vuitton de revenir sur le devant de la scène dans les années 2000, merci Marc (Jacobs) pour la vision.

Un OVNI de la mode, devenu pièce culte

La frontière entre la bonne et la mauvaise idée est mince dans le petit monde de la fashion, mais à l'aube des années 2000, le génialissime Marc Jacobs semblait avoir trouvé le filon pour tout transformer en succès. En 1997, c'est à lui que revient la lourde tâche de lancer le prêt-à-porter chez Louis Vuitton. Le malletier a du mal à se renouveler et les gens prêts à balancer 200k francs dans une malle de voyage se font de plus en plus rares (maudit Rimowa). La solution ? Diversifier la maison et donner un coup de neuf aux collections. Premier coup d'éclat ? La collaboration avec Stephen Sprouse qui s'autorise à tagger le monogramme - comble du scandale... Qui attire les curieux et autres modeux, envieux de se payer une pièce réactualisée d'une maison qui était presque tombée dans l'oubli. Le second coup de poker sera joué avec Takashi Murakami, artiste japonais déluré. Cette fois-ci, c'est le monogramme tout entier qui est repensé aux couleurs l'arc-en-ciel, donnant un nouveau souffle à un sac de vieille.

En quelques mois, les créations de la collaboration s'étalent partout et deviennent LA pièce que toutes les it-girls s'arrachent : de Paris Hilton à Regina George... Tout le monde veut son Murakami et le blason de Vuitton est redoré. Bien joué Marc (toujours Jacobs).

Le reflet d'une décénie qui se voulait haute en couleur ?

Qu'est-ce qui a changé dans la fashion entre les années 2000 et maintenant ? Les couleurs ont complètement disparu. Comme le disait si bien Mahaut Drama dans une chronique pour Quotidien, on vit "une complète dépression chromatique". Une étude anglaise s'est penchée sur la question et il s'avère qu'aujourd'hui, près de 50% de notre quotidien est noir ou blanc (alors que ces non-couleurs ne représentait que 15% des tons utilisés dans les siècles passés). On pourrait croire que les couleurs neutres, c'est le chic, la sobriété demure so parisienne, mais cette absence rend aussi notre quotidien monotone (c'est le cas de le dire) et uniformes. En 2000, c'était tout l'inverse : on portait des jogos peau de pêche rose ou bleu layette et les sacs à main des rayons de tous les bons fast fashionners étaient remplis de couleur (pour faire comme Murakami of course) et le maquillage se voulait volontairement irisé. Le mot d'ordre c'était "briller à tout prix", même si frôlait parfois le ridicule.

C'est peut-être ce détail qui fait que les pièces Vuitton x Murakami sentent si bon les années 2000 : tout comme les gloss goût pastèque, ces sacs à mains sont le reflet d'une époque. Pour les milennials, c'est l'insouciance de l'adolescence et pour les générations d'après, c'est le fanstasme d'une jeunesse qu'ils n'ont pas vécu (mais qu'ils jalousent secrètement). En fait, ces pièces monogrammées, sont un peu les doudous d'une époque révolue, qui nous rappelle le stress du brevet ou le choix cornélien entre la série S, ES ou L. À titre d'exemple, le Speedy Murakami, c'est un peu la mini-jupe Courrèges de nos mamans : c'est une pièce qui est ancrée dans l'histoire et qui évoque quelque chose. Pas étonnant donc que l'on soit toujours autant fascinée par cette pièce si particulière.

Louis Vuitton x Murakami en 2025, ça donne ça

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©Louis Vuitton x Murakami

Il fallait s'y attendre, le mastodonte parisien et le curieux artiste japonais ont remis de couvert... Pour une collection exclusive, qui fait le pont entre 2005 et 2025. 20 ans de mode donc, passés à la vitesse grand V(uitton).

En guise de visage, la maison ne pouvait miser sur quelqu'un d'autre que Zendaya, qui ajoute une marque de plus à son palmarès d'égérie. Mais en même temps, qui de mieux que Zendaya pour illustrer la femme en 2025 ?

Du côté des pièces, Vuitton renoue avec les iconiques. On aime le sac à dos Backup, la banane Rush version fourrure et la réédition du Nano Speedy, Y2K à souhait. On apprécie aussi l'audace des mules monogrammées sur fond noir, pas sûres qu'elles deviennent un intemporel, mais on risque de les voir aux pieds de nos influs préférées (vous l'aurez lu ici en premier).

La fin du règne du Y2K ?

Pour les experts de la mode, cette collection viendrait conclure le cycle Y2K en beauté. On fini avec le meilleur, le reflet ultime de cette époque révolue. Pour 2025, plus de jean taille basse à l'horizon, on lui préfère le skinny, tout aussi décrié, mais cruellement assorti au retour du culte de la minceur.

Mais attention, si Y2K s'en va, c'est aussi pour laisser sa place au Y3K, une tendance polymorphe, qui mêle rétrofuturisme et années 2000, tout un programme. Une fois n'est pas coutume, la fashion a encore de beaux jours devant elle et Vuitton va encore vendre des sacs par milliers (ouf le PIB est sauvé).