Le phénomène des Sephora Kids n’est pas près de s’arrêter

L’innocence de l’enfance a-t-elle vraiment disparu ? Quand on voit les ados d'aujourd'hui adopter des routines de soin dignes d’une trentenaire soucieuse de ses premières rides, la question se pose. La folie des "Sephora Kids" prend de plus en plus d'ampleur sur les réseaux sociaux, propulsée par des tendances beauté et des influenceurs qui prônent une peau lisse et parfaite… dès l’adolescence. 

On pourrait penser qu’à 16 ans, on a plus de boutons d’acné à gérer que de rides à prévenir, mais la Gen Z semble bel et bien obsédée par la lutte contre le temps. Et pourtant, les dermatologues et experts sont formels : ces pratiques peuvent être risquées. Mais alors, qu’est-ce qui pousse cette génération à adopter des rituels beauté aussi prématurés ? On décrypte.

Si vous n’en avez pas entendu parler autant vous dire que ce n’est pas un épisode que vous avez loupé mais une saison entière… Les "Sephora Kids", c'est un surnom donné à ces jeunes, parfois à peine rentrés dans l'adolescence, qui se ruent sur les produits de soin et de beauté les plus pointus comme des pros (ah on vous l'a dit, l'obsession n'a pas d'âge). Masques à LED, crèmes anti-âge, sérums à la vitamine C… Tout y passe. Ils connaissent les marques et ingrédients sur le bout des doigts.

Bien sûr, cette frénésie n’a rien d’innocent, car derrière ces achats (clairement) compulsifs se cache une réelle obsession pour la jeunesse éternelle, entretenue par des célébrités et des influenceurs. Plus besoin d’attendre 30 ans pour s’inquiéter des premières rides, la prévention commence dès le lycée (non mais WT* ?). Oui, à peine 16 ans, ils sont déjà plongés dans une routine beauté qu’on associerait plus volontiers à une quadra.

Pas un scroll sur TikTok sans tomber sur une nouvelle tendance beauté, et certaines sont carrément flippantes. Prenons par exemple la Morning Shed, ce rituel matinal où l’on superpose - presque sans limites - des couches de soins pour éliminer les cellules mortes, le tout avec des patchs anti-rides et des bandes adhésives pour "prévenir" les ridules pendant la nuit. 

Cette tendance pousse les femmes, de tout âge - mais encore plus lorsqu’elles sont jeunes - à se plier à des exigences en matière de beauté qui ne devraient pas exister. Si se coucher le plus moche possible peut être amusant pour certaines, ce schéma de routine représente une charge mentale trop lourde pour les femmes. Personne n’a réellement envie de suivre 15 étapes de skincare tous les soirs, ni le temps, n'est-ce pas ? 

Ensuite, on a l’inévitable masque LED, censé booster la production de collagène et assurer une peau sans imperfections. Mais attention, pas n'importe quel masque : le top du top, c'est la version à 400 euros vue sur Insta. Et que dire des collagènes buvables, promus comme le nouvel élixir de jouvence que certaines avalent matin, midi, soir, comme si leur vie en dépendait (et promis on mâche nos mots) ?

Cette obsession pour la peau parfaite à tout prix est devenue virale, et ces tendances sont vues des millions de fois. D’ailleurs, même certaines adolescentes se mettent à utiliser du rétinol bien avant d'en avoir besoin, en pensant que c’est le secret pour ne jamais vieillir. À 16 ans tout juste.

On ne va pas se mentir : si la folie des soins anti-âge commence si tôt, c’est en partie grâce (ou à cause ?) à des stars comme Kim Kardashian. L’influence des célébrités sur les jeunes est indéniable, surtout quand elles partagent leurs astuces beauté "révolutionnaires" sur les réseaux sociaux. 

Le vampire facial de Kim, son masque LED nocturne ou encore ses injections de sperme de saumon (on ne sait plus si on doit rire ou pleurer) ne sont plus des secrets, et pour beaucoup de jeunes, ces rituels deviennent des objectifs à atteindre. 

Il suffit de quelques stories Instagram ou TikTok d’une influenceuse pour que la moitié de la Gen Z se rue sur des produits ultras sophistiqués et souvent hors de prix. Kim et compagnie sont-elles conscientes de l’impact de leurs posts ? Difficile à dire, mais une chose est sûre : l’industrie de la beauté ne s'est jamais portée aussi bien.

Face à cette vague de jeunes consommateurs avides de prévention anti-âge, les professionnels de santé ne cessent de tirer la sonnette d’alarme. De nombreux dermatologues rappellent que ces produits, conçus pour des peaux plus matures, ne sont pas adaptés à la peau encore délicate des ados. En Suède les enfants mineurs ne peuvent plus acheter de produits de beauté sans l’accord écrit ou accompagnement de leurs parents. Ces mesures sont-elles prises au hasard ? Pas vraiment.

Le rétinol, par exemple, qui est souvent vu comme l’ingrédient miracle anti-âge, peut causer de gros dégâts chez les jeunes : irritations, sécheresse excessive, voire des sensibilités accrues au soleil. Sans oublier que la plupart des tendances vues sur les réseaux manquent cruellement de bases scientifiques solides. 

Alors, pourquoi ne pas écouter ces experts qui nous disent qu'il suffit d’une bonne hydratation et d’une protection solaire régulière pour avoir une belle peau ? Surtout qu’à 16 ans, on n'a pas encore besoin de commencer la lutte contre les rides, promis !

La quête de la jeunesse éternelle est aussi vieille que le monde, mais la voir s’immiscer si tôt dans la vie des ados pose question. Si à 16 ans, on se retrouve déjà avec un masque LED sur le visage et une routine de soin de 10 étapes (au moins), que restera-t-il pour nos 30 ans ? Impossible de l’imaginer ; l’envie nous manque bizarrement. Et que dire des conséquences psychologiques d’une telle obsession de la perfection ? 

L'industrie de la beauté et les réseaux sociaux continuent de nous vendre des produits en promettant que la jeunesse éternelle est à portée de main, mais jusqu’où ira cette folie ? Il serait peut-être temps de remettre un peu de naturel dans nos vies et de se rappeler que vieillir, ce n’est pas si terrible. Après tout, les rides racontent une histoire, et la beauté ne se limite pas à une peau sans défauts.

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